Momento Espírita
Curitiba, 29 de Março de 2024
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ícone Leçons des arbres (audio)

Si les arbres pouvaient parler que diraient-ils ? Quels seraient les secrets que leurs histoires pourraient nous révéler ?

Eux qui résistent aux temps, à la chaleur, aux pluies, aux vents. Beaucoup s’abritent sous leur ombrage, dégustent leurs fruits.

Combien de générations montent dans un même arbre au fil des années qui passent ?

D’une certaine manière quand nous posons un regard romantique sur une oeuvre d’Auguste Renoir, La ferme aux Collettes, dépeignant un paysage des lieux à Cagnes-sur-Mer qu’il avait transformé en résidence d’hiver, nous ne pouvons nous empêcher d’imaginer les arbres tordus que nous voyons au premier plan et qui l’auront inspiré.

Si nous pouvions interroger l’un d’eux, que pourrait-il nous dire de celui qui a été un des plus grands maîtres de la peinture impressionniste aux côtés de Degas et de Monet ?

Peut-être nous confierait-il quelque chose de ce genre : J’ai posé pour Renoir. Ma nature sauvage avait attiré l’attention de ce génie.

Quatre siècles de vent et de soleil en Provence, dans le sud de la France, m’ont donné cette forme capricieuse. Mais je mourrais si ce n’avait pas été lui.

En juin 1907, il acheta la terre sous mes racines au domaine des Collettes et empêcha qu’un horticulteur coupât tous les arbres pour planter des œillets.

Il transforma ce lieu en refuge pour son travail et sa vie domestique.

À l’époque, Renoir avait soixante-six ans et marchait déjà comme un vieillard. Ses fils le portaient pour l’asseoir sur mes racines avec son chevalet.

Un jour, je l’ai entendu se plaindre de moi à son marchand, Ambroise Vollard : « Les oliviers sont horribles à peindre.

Si vous saviez le mal que j’ai avec celui-là…

Il a tant de couleurs, rien n’est gris. Ses feuilles minuscules m’ont vraiment fait suer ! Une rafale de vent et leur ton change. »

Et malgré tout, il m’a immortalisé. Je pourrais être arraché un jour ou céder aux coups d’une hache cruelle que je ne mourrais pas.

Mon essence a été captée par lui et placée sur une toile dans des tons particuliers.

Et même si Auguste Renoir se plaignait de moi, je peux affirmer que nous avons été des frères. Ses doigts déformés par les rhumatismes ressemblaient à mes branches.

Il y a longtemps qu’il est parti, mais je ne peux oublier une seule seconde passée ensemble.

*   *   *

Ce serait vraiment merveilleux si une entrevue de ce type pouvait se concrétiser. Elles seraient si nombreuses les informations que les arbres pourraient nous fournir, tant ceux qui ont assisté à des batailles remarquables avec des vainqueurs et des vaincus;  que les arbres des rues qui voient courir les enfants qui deviendront grands et auront leurs propres petits.

Que pourrait donc nous confier ce chêne polonais résistant qui a poussé à l’entrée d’une caserne transformée en camp de concentration naziste ?

Combien de victimes sont passées sous ses branches ? Quelle quantité de fumée sortie des fours crématoires aurait-il respirée ?

Certes, ils ne peuvent parler. Ce sont des témoins muets. Néanmoins, ils nous donnent la leçon de la sérénité, car ils assistent à la beauté, à la mort, à la tristesse avec la même sérénité.

Ils suivent le cours du temps et ne déplorent pas la somme des années. Dans leur immobilité, ils nous enseignent la résistance. Et peu importe la méchanceté ou la bonté des créatures, ils offrent la même ombre, les mêmes fruits, en servant toujours.

Pensons donc à cela. Apprenons avec eux.

Rédaction du Moment Spirite, basée sur l’article O que a árvore viu,
des
Seleções Reader' s Digest, d’août 2013.
Traduction réalisée dans le respect des « Rectifications orthographiques du français en 1990 » de l’Académie française (
http://www.academie-francaise.fr/sites/academie-francaise.fr/files/rectifications_1990.pdf). NdT
Traduction : Gootjes Irène
Le 15.2.2016.

 

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